Les perspectives économiques se sont néanmoins assombries dans le courant de l’année. En effet, les indices de climat
des affaires en zone euro se situent à des niveaux qui ont correspondu par le passé à des périodes de stagnation, voire de
contraction de l’économie. Par ailleurs, le marché immobilier américain est en train de se retourner comme le suggèrent
plusieurs indicateurs (ventes de maisons, demande de crédits), sous l’effet d’une vive remontée des taux hypothécaires.
Enfin, en Chine, outre la politique de stop and go en matière sanitaire, c’est surtout la problématique de l’immobilier qui
est au cœur des difficultés actuelles (de janvier à novembre 2022, les nouvelles constructions de logements ont reculé de
39 % par rapport à la même période de l’année précédente).
Inflation : des signes de détente après l’envolée des premiers mois de 2022
La hausse de l’inflation a été très marquée en 2022. La hausse des prix à la consommation a culminé à 9 % sur un an aux
États-Unis en juin, avant de revenir à 7,1 % en novembre. En zone euro, l’inflation mesurée sur un an atteignait 10,1 % en
novembre, avec des hausses encore plus spectaculaires (supérieures à 20 %) dans les États baltes du fait de leur
dépendance à l’énergie russe. Cette vague inflationniste tient aux tensions de toutes sortes qu’a suscitées la reprise post
Covid de l’économie mondiale et au rebond des prix des matières premières accentué par le déclenchement de la guerre
en Ukraine. L’Europe a été plus particulièrement touchée par l’envolée du prix du gaz du fait de la diminution de ses
approvisionnements en provenance de Russie qui comptait pour environ 40 % de ses importations. Dans un contexte de
marché du travail tendu, les salaires se sont progressivement ajustés à la hausse, de manière plus marquée aux États-
Unis qu’en zone euro, même si leur progression est restée sensiblement inférieure à l’inflation.
Des signes de détente sont toutefois perceptibles en amont de la chaîne de formation des prix. Les cours des matières
premières industrielles et alimentaires ont reflué après leur pic printanier, même s’ils restent encore élevés par rapport
aux niveaux observés avant la crise sanitaire. De son côté, le prix du baril de Brent est revenu à environ 85 dollars US le
baril fin décembre contre un pic à près de 125 dollars US début juin. D’une manière générale, la dégradation des
perspectives de demande avec en vue un ralentissement économique a pesé sur les cours des produits de base alors que
les nouvelles du côté de l’offre ont plutôt rassuré (par exemple pour l’approvisionnement en céréales). Le prix du gaz sur
le marché de gros européen, qui avait culminé à 350 euros le mégawattheure (MWh) fin août est retombé sous les
80 €/MWh fin décembre sur fond d’une moindre demande liée en partie à un hiver plutôt doux jusqu’ici et de stocks
européens reconstitués. Les difficultés d’approvisionnement des entreprises sont aussi en passe de se résorber. Le prix du
transport d’un container, qui avait été multiplié par 5 entre la mi-2020 et le début 2022 a chuté ces derniers mois pour se
rapprocher du niveau qui prévalait avant la crise sanitaire. Les prix à la production dans l’industrie ont commencé à
intégrer ces différents aspects. Ils affichaient une hausse de 8 % sur un an en octobre aux États-Unis contre 22 % en juin.
Ils sont même en recul sur un an en Chine en novembre alors qu’ils étaient en hausse de 18 % en octobre 2021. Les prix à
l’importation en zone euro commencent à porter la trace de ces reflux. Les prix à la production aussi mais ils demeurent
à un niveau très élevé (31 % sur un an en octobre après un pic à 43 % en août), ce qui se traduit par une forte dégradation
de la compétitivité de la zone.
L’économie française en partie protégée par le bouclier tarifaire
Après un début d’année décevant marqué par une nouvelle vague épidémique, l’économie française a renoué avec la
croissance au 2ème trimestre (+ 0,5 %) et de manière plus modérée au 3ème trimestre (+ 0,2 %) dans un contexte
d’effacement des contraintes sanitaires. Par rapport aux autres pays de la zone euro, le bouclier tarifaire a joué un rôle
important dans la dynamique économique. Ainsi, l’inflation en France a été une des plus faibles de la zone euro (+ 7,1 %
sur un an en novembre selon l’indice harmonisé, 5,9 % en décembre selon la mesure nationale). Le gel des tarifs
réglementés du gaz à partir d’octobre 2021 et de l’électricité depuis février 2022 ainsi que la ristourne sur le prix de
l’essence expliquent très largement cet écart. En outre, différentes mesures de revalorisation des revenus d’activité
(hausse du SMIC et du point d’indice des fonctionnaires) et de nombreuses prestations sociales (dont les retraites) ont
soutenu le revenu des ménages sur la seconde partie de l’année 2022. Par ailleurs, les créations nettes d’emplois sont
restées dynamiques malgré la forte incertitude sur les perspectives économiques. Plus de 430 000 postes ont été créés
dans le secteur privé entre le 3e trimestre 2021 et le 3e trimestre 2022 et environ 930 000 par rapport à fin 2019. Ce
dynamisme s’explique toutefois en partie par un bond des contrats d’apprentissage, encouragé par des aides publiques
à l’embauche. Le taux d’épargne des ménages est ainsi demeuré au-dessus de son niveau d’avant la crise sanitaire au
3e trimestre 2022. Cela explique en retour une consommation peu allante. Pour l’instant, le marché immobilier n’a pas
encore trop souffert de la remontée des taux d’intérêt mais la production de crédits immobiliers a commencé à fléchir.
Les résultats financiers des entreprises ont été hétérogènes ces derniers mois : le taux de marge était en nette hausse au
3e trimestre dans les branches énergétiques et les services de transport par rapport à 2019 alors qu’il a baissé dans
l’industrie hors énergie, la construction et les services marchands hors transports. La détente des prix des produits de
base devrait toutefois contribuer à un rééquilibrage des marges entre les grands secteurs d’activité. Les défaillances
d’entreprises ont par ailleurs poursuivi leur normalisation en 2022 après deux années atypiques.
Resserrement monétaire et net rebond des taux longs
Face à la poussée d’inflation, les banques centrales ont resserré leur politique monétaire. La Réserve fédérale américaine
a procédé en décembre 2021 à une première hausse de son taux directeur, nul depuis fin mars 2020, pour le porter dans
la fourchette 41/4 – 4½ % un an plus tard et a commencé à réduire son bilan. La BCE s’est montrée plus attentiste, pensant
que le choc inflationniste provenait essentiellement d’éléments externes contre lesquels la politique monétaire était peu
efficace. Face à la vigueur de l’inflation, elle a malgré tout augmenté ses taux directeurs en juillet 2022, amenant le taux
de refinancement à 2,5 % en décembre. Les taux interbancaires ont reflété ce redressement des taux courts européens
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La Banque Postale Home Loan SFH | Rapport financier annuel au 31 décembre 2022