rémunération des dépôts. En parallèle, l’institution a accéléré la baisse de la taille de son bilan via le
non-réinvestissement des titres acquis dans le cadre du programme d’achats d’actifs historique (APP)
et le remboursement des opérations de prêts à long terme des banques (TLTRO). Les taux souverains
européens ont donc connu une année 2023 à deux visages. Après une hausse significative lors de la
phase de resserrement monétaire, ils ont finalement pu amorcer leur rechute à l’automne à la suite de
la pause de la BCE, un mouvement entretenu par les attentes des investisseurs financiers concernant
l’assouplissement monétaire à venir en 2024. Cela a finalement profité au resserrement des écarts
(spreads) de taux entre les pays cœurs et les pays dits périphériques de la zone euro. L’euro s’est
apprécié en 2023 face au dollar terminant en hausse de près de +4 %, à 1 € = 1,10 $. Cette parité est
due principalement au repli du dollar causé par l’intégration de la fin du resserrement monétaire de la
Fed par les investisseurs. À l’échelle européenne, les États membres se sont finalement accordés sur
une réforme des règles budgétaires. Cette réforme maintient le seuil de déficit public à 3 % du PIB et
celui de dette publique à 60 % du PIB tout en octroyant davantage de flexibilité aux États pour réduire
leur endettement, notamment via l’introduction d’une période d’ajustement pouvant être allongée en cas
d’investissements structurels dans la transition écologique, la défense ou le numérique. Enfin, l’année
a été ponctuée par des évènements politiques tels que l’arrivée en tête aux élections législatives des
Pays-Bas du parti d’extrême-droite eurosceptique et le maintien en Espagne du socialiste P. Sanchez
au poste de Premier ministre.
En France, l’inflation a poursuivi son repli en 2023 à +3,7 % sur un an en décembre en glissement
annuel vs +6 % en janvier, à l’image du reste de la zone euro, mais le resserrement monétaire et le
contexte inflationniste ont affecté l’activité. Le PIB s’est en effet contracté au troisième trimestre à -0,1
% en rythme séquentiel par rapport au trimestre précédent. Les signes d’affaiblissement de la
conjoncture française se sont multipliés en fin d’année (indices d’activité PMI toujours en territoire de
contraction). Au cours du premier semestre, l’agence de notation Fitch a dégradé la notation souveraine
de la France de AA à AA- en raison de réserves relatives à la trajectoire des finances publiques et du
contexte social qui a suivi la promulgation de la réforme des retraites. Enfin, le gouvernement a présenté
son projet de loi de finances pour 2024, lequel prévoit un déficit de 4,4 % du PIB en 2024 vs 4,9 %
estimé en 2023, qui nécessitera l’émission de 285 milliards d’euros de dette à moyen et long terme.
Pour sa part, le CAC 40 a légèrement surperformé son pair paneuropéen avec une progression de
+16,5 % sur l’année.
Au Royaume-Uni, si la persistance de l’inflation et des tensions sur le marché de l’emploi ont nécessité
la poursuite des hausses de taux directeurs au premier semestre, la désinflation observée par la suite
a permis à la Banque d’Angleterre d’entamer une phase de pause dans son resserrement monétaire
depuis l’été, en maintenant ses taux à 5,25 %. Les conséquences de la politique monétaire ont toutefois
pesé sur la croissance économique, laquelle est restée atone au troisième trimestre à -0,1 % en
glissement trimestriel. Le retour des indicateurs PMI en territoire d’expansion sur la fin d’année a été
porté par la rechute rapide de l’inflation, en particulier liée au recul des prix de l’énergie. Le
gouvernement a présenté son budget d’automne dans lequel il prévoit des dépenses budgétaires
supplémentaires, et donc des émissions de dettes plus fortes qu’attendu, ainsi qu’une hausse
importante du salaire minimum, des pensions et des prestations sociales.
Aux États-Unis, la persistance de l’inflation, notamment dans les services et le logement, a également
poussé la banque centrale américaine (Fed) à continuer de relever les taux directeurs jusqu’en juillet,
portant la bande de fluctuation à 5 %-5,25 %. Le mouvement désinflationniste s’est toutefois matérialisé
plus rapidement qu’en zone euro. L’indicateur PCE (Personal Consumption Expenditures) est passé de
+5,5 % en janvier à +2,6 % en novembre, permettant à la Fed de laisser ses taux inchangés depuis la
réunion de septembre. En parallèle, la croissance américaine n’a cessé de surprendre par sa résilience,
avec un rebond du PIB à +4,9 % en rythme séquentiel annualisé au T3, en particulier dans les services
portés par la demande des ménages. Le marché de l’emploi a également été un facteur de soutien en
ne se normalisant que très graduellement (augmentation de l’offre de main-d’œuvre mais créations
d’emplois toujours élevées, faible taux de chômage). Cela n’a permis qu’un ralentissement seulement
progressif des salaires, toujours proches de +4 % en rythme annuel en fin d’année. Tout comme en
Europe, les taux souverains américains ont connu une forte appréciation jusqu’à l’automne, en
particulier pour les échéances de long terme (taux à dix ans passant le seuil des 5 % en octobre dernier).
Puis les taux ont amorcé un repli généralisé et rapide à partir de mi-octobre sur fond d’anticipations par
les investisseurs financiers de nombreuses baisses des taux directeurs par la Fed en 2024 grâce au
ralentissement de l’inflation. Surtout visible sur la partie réelle (i.e. hors anticipations d’inflation), cette
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