RAPPORT FINANCIER
Rapport de gestion
3
RAPPORT DE GESTION
1.
Le contexte économique 2023 (1)
L’économie mondiale a subi les conséquences négatives des dérives
inflationnistes antérieures sur le pouvoir d’achat des agents privés. Elle
n’a pas cessé de ralentir en 2023, du fait de la transmission
progressive du resserrement monétaire à l’économie réelle de part et
d’autre de l’Atlantique, de l’essoufflement de la demande globale et de
l’affaiblissement des échanges internationaux. Cet effritement de
l'économie a provoqué un lent reflux de l’inflation, davantage visible au
second semestre, sans mettre cependant un terme à la remontée des
taux longs. Néanmoins, la conjoncture a été plutôt résiliente, sur fond
de réapparition du risque d’instabilité financière, à l’origine aux
Etats‑Unis, et d’incertitudes géopolitiques successives, allant de la
guerre en Ukraine au nouvel accroissement des tensions au
d’investissement, particulièrement pour la construction, en recul
depuis la fin 2022. Le déficit public, autour de 4,9 % du PIB, est resté
important du fait des plans de soutien au pouvoir d’achat.
En 2024, la croissance mondiale atteindrait un niveau modéré de
2,7 % selon l’OCDE, l’inflation continuant de fléchir. La conjoncture
pâtirait de l’atonie des échanges commerciaux et de la fragilisation de
la confiance des entreprises et des consommateurs, dans un contexte
d’aggravation des tensions géopolitiques (évolution du conflit entre le
Hamas et Israël, guerre russo‑ukrainienne, volonté réaffirmée par la
Chine d’intégrer Taiwan). L’activité mondiale et surtout l’industrie
européenne continueraient de souffrir du développement de
tendances protectionnistes, notamment américaines, à travers des
subventions à la localisation sur leur territoire d’un certain nombre de
productions. Ce fléchissement serait plus prononcé en zone euro
qu’en Chine et aux Etats -Unis. En effet, la demande interne
américaine profiterait de soutiens budgétaires en année électorale et
d’un désserrement monétaire.
Moyen‑Orient depuis le
7 octobre 2023. En particulier, des
défaillances bancaires (SVB – Silicon Valley Bank, Crédit Suisse) sont
venues percuter en mars 2023 une conjoncture mondiale déjà
amoindrie, accentuant la modération de la distribution de crédits aux
agents privés.
Les Etats‑Unis, qui ont profité d’un interventionnisme budgétaire de
recomposition de leur tissu productif et de l’utilisation de la sur-
épargne accumulée lors du COVID‑19, ont mieux résisté que l’Europe
et la France. Il en est de même de la Chine qui a bénéficié, malgré la
crise immobilière structurelle, d’un soutien monétaire apporté à
l’activité et du rebond temporaire de la consommation, après la levée
des restrictions sanitaires. La perte de compétitivité de la zone euro
(énergie plus chère, appréciation du taux de change effectif de l’euro,
déficits publics) ainsi que les interrogations sur la soutenabilité des
finances publiques de certains pays comme l’Italie, voire la France,
ont intensifié le ralentissement économique.
En 2024, le PIB français, catalysé par un endettement public très
élevé, progresserait de 0,7 % en raison d’un acquis de croissance peu
favorable et d’un contexte économique européen peu porteur.
L’amélioration modeste des dépenses des ménages, principaux
moteurs de l’activité serait insuffisante pour contrecarrer la prudence
accrue des entreprises en matière d’emploi, de pilotage du niveau des
stocks et d’investissement. Ce manque d’élan économique
s’expliquerait aussi par le net ralentissement de la distribution de
crédit. L’inflation moyenne reculerait à 2,4 %, du fait de la stabilisation
à la baisse des prix de l’énergie et de la poursuite de la modération
des hausses de prix de l’alimentation.
L’inflation, même si elle est demeurée élevée, a amorcé un processus
de repli tant aux Etats‑Unis (3,4 % l’an en décembre 2023, contre
6,5 % l’an en décembre 2022) qu’en Europe (2,9 % l’an en décembre
2022 contre 9,2 % en décembre 2022), du fait surtout du recul de la
composante énergétique. En revanche, l’inflation sous‑jacente,
illustrée par l’augmentation des prix des services, a décliné moins
rapidement (3,9 % l’an aux Etats‑Unis et 3,4 % l’an dans la zone
euro).
LA POLITIQUE MONÉTAIRE EUROPÉENNE 2023 (2)
Dans un environnement où la croissance économique et les
perspectives d’inflation restent incertaines, la Banque Centrale
Européenne (BCE) a poursuivi sa politique de normalisation monétaire
en adoptant des mesures destinées à ramener l’inflation à un niveau
proche de 2 %.
Malgré l’affaiblissement de la demande interne, la croissance
française, qui s’est située dans une position intermédiaire en Europe, a
progressé de 0,8 % en 2023, après 2,5 % en 2022, du fait du soutien
de l’investissement productif et du recul des importations. Cette
performance relative est surtout due au rebond inattendu du 2ème
trimestre, qui s’est expliqué par une forte contribution du commerce
extérieur, issue non d’une accélération des exportations mais
davantage du repli des importations. Sur les autres trimestres, on a
observé une quasi‑stagnation conjoncturelle qui, dans un contexte
incertain et de coût plus élevé de la vie, provenait du maintien d’une
forte appétence des ménages pour l’épargne. Par ailleurs, la remontée
rapide des taux d’intérêt a induit une décélération de la distribution du
crédit, surtout sur le segment de l’immobilier. Les revenus d’activité
ont été dynamiques, portés par la progression des salaires et, dans
une moindre mesure, par celle de l’emploi salarié. Les prix à la
consommation ont diminué en 2023, grâce au repli des prix
énergétiques et au ralentissement des prix d’autres biens et services, y
compris ceux de l’alimentation. Ils s’établissent à 4,9 % en moyenne
annuelle (5,2 % en 2022).
Dans ce but, la BCE a relevé ses trois taux directeurs à six reprises en
2023 : deux augmentations de 50 points de base en février et en
mars, puis quatre supplémentaires de 25 points de base en mai, juin,
juillet et septembre, portant les taux d’intérêt des opérations
principales de refinancement, de la facilité de prêt marginal et de la
facilité de dépôt à respectivement 4,5 %, 4,75 % et 4,0 %. Par la
suite, en dépit de perspectives baissières d’inflation, la BCE a adopté
une position prudente en laissant inchangés ses taux directeurs.
S’agissant du programme d’achat d’actifs (Asset purchase progamme,
APP), la BCE a limité ses réinvestissements à 15 Md€ par mois durant
le 1er semestre 2023, puis les
a
interrompus
à
partir du
1er juillet 2023. Le programme d’achat d’urgence face à la pandémie
(Pandemic emergency purchase programme, PEPP) a lui continué à
bénéficier du réinvestissement des remboursements de titres arrivant
à échéance. En 2024, la BCE entend poursuivre la normalisation en
réduisant les encours du PEPP, avec des réinvestissements limités à
7,5 Md€ par mois en moyenne au 2nd semestre de l’année. Il serait
mis un terme à ces réinvestissements fin 2024.
L’investissement productif a contribué à la croissance. Cependant, le
renchérissement du capital, avec la hausse des taux d’intérêt, et le
faible dynamisme de l’activité ont commencé à peser sur les décisions
La politique monétaire restrictive menée s’est répercutée sur les
conditions de financement globales. Ainsi, les taux des prêts bancaires
aux entreprises ont légèrement reculé en novembre 2023 à 5,2 %,
1) BPCE SA - Etudes économiques et Observatoire - Janvier 2024
2) BCE - Déclaration de politique monétaire - 25 janvier 2024
74 COMPAGNIE DE FINANCEMENT FONCIER DOCUMENT D’ENREGISTREMENT UNIVERSEL 2023
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